RDC : Pour vous, qui suis-je ? (Matthieu 16,15 ; Marc 8,29) Par Prof. Jean-Michel Kumbu ki Ngimbi

S’il est évident que les institutions (instituere = créer) humaines ne sont véritablement connues dans leurs objectifs que des personnes qui les créent, il est aussi vrai que les tiers peuvent s’efforcer de dire ce qu’elles sont, ce qu’elles peuvent être et ce qu’elles ne sont pas.


A sa sortie, les internautes ont dit d’elle qu’elle était une méga-plateforme. Ce qui sous-entend qu’elle était une structure qui dépassait les plateformes. On pouvait alors penser que les créateurs étaient des leaders des plateformes qui se décidaient, après une concertation, de se mettre ensemble pour devenir une mégastructure. Moi-même, j’avais dit d’elle qu’elle était sans personnalité juridique, à l’instar des pays ACP qui avaient chacun sa personnalité juridique mais que la structure ACP n’en était point pourvue.

Pour vous, qui suis-je ?

Commençons par ce que je ne suis pas avant de savoir ce que je suis.
Je ne suis certainement pas une Police de Circulation Routière car celle-ci existe avant moi et il n’y a donc pas de raison de faire la confusion. Circulez, il n’y a rien à voir.


Pour vous, qui suis-je ?


Je ne suis pas une coalition car je ne cherche pas le pouvoir. Apparemment je l’ai déjà de par le nombre de sièges que j’ai pu rafler.
Je ne suis pas un courant politique car je suis dans l’USN, le courant politique du Chef.
Je ne me confonds ni avec un parti politique ni avec un regroupement politique, encore moins avec un indépendant car la loi sur les partis politiques qui ne reconnaît que ces trois vocables ne peut me confondre avec l’un d’eux.
Je pourrais être un bloc ou une union politique mais ces deux concepts peuvent se ramener aussi à ce que je suis avec les autres de sorte que je serais alors mieux qualifié de sous-bloc ou sous-union. Mais pour quelle autre finalité que celle que j’ai avec les autres dans la grande union ? Pour quelle raison deviendrais-je spéciale alors que cette spécialité n’a pas été portée préalablement aux autres sous-blocs ?
Je suis un groupe de réflexion. Mais il y a autant de groupes de réflexion qui ne font pas des sorties médiatiques fracassantes et ne signalent pas leurs réflexions en public encore que ces réflexions ne sont pas encore des idées claires (sic). Mon union ne réfléchissait-elle pas ?
Je suis une force en présence. Quelle est ma particularité si je viens aussi d’une force en présence ? Alors je suis une sous-force. Quel critère aurait présidé au choix de ces sous-forces et pas d’autres ? Ceci se dirait autant d’une famille politique. Donc je ne suis pas à moi exclusivement ce que je prétends être, donc je ne le suis pas.

Pour vous, qui suis-je ?

Serais-je en train de me positionner pour la question de dégager la majorité parlementaire ?
Certes, cela peut se faire en dehors du parlement mais de manière informelle. Pourquoi échapperais-je à mon union naturelle, laquelle atteint déjà cette majorité sans autre forme de procès ? Pareille majorité pourra se dégager aussi dans l’assemblée, ce qui ne sera pas différent de ce premier cas de figure. Cela peut aussi se faire par le truchement d’un informateur à désigner par le Chef de mon union naturelle. L’informateur ne s’informera qu’auprès des partis et regroupements politiques. Et moi, je ne suis ni l’un ni l’autre. Ce n’est pas moi qui suis allé aux élections. Pourquoi alors me positionnerais-je ? De quoi aurais-je peur car mon union, avec laquelle je n’ai pourtant pas entrepris des discussions préalablement à ma sortie, est bien placée ?
Pourquoi suis-je sorti sur la place publique alors que si au plus je ne sais pas qui je suis, au moins je sais que je suis un fait privé et non une nébuleuse.

Pour vous, qui suis-je ?

Je suis celui qui a provoqué la levée des boucliers au sein de mon union naturelle ; je suis celui qui va contribuer à la consolidation d’une majorité parlementaire (sic) ; je vais aider le Chef à identifier rapidement les acteurs dont il a besoin pour son second et dernier mandat (sic) ; je vais renforcer la discipline dans mon union naturelle (sic) comme le ferait le directeur de discipline.

Pour vous, qui suis-je ?

Je ne suis qu’un pacte, un accord, comme le General Agreement on Tariffs and Trade, à la différence que celui-ci est devenu par le truchement des Accords de Marrakech (1994) l’Organisation Mondiale du Commerce, une organisation supranationale, dotée de la personnalité morale alors que le GATT n’en était point pourvu. Aurais-je cette ambition d’être dotée, comme le GATT, de la personnalité morale ? Non. Alors s’arrête la comparaison.
Alors qui suis-je pour vous ?
Vous êtes un pacte, un accord, un fait privé. Le principe de la relativité des contrats vous sera applicable (Res inter alios acta neque nocere neque prodesse aliis potest) et celui de l’autonomie de la volonté vous imposera le devoir de respecter les lois impératives et les bonnes mœurs. Vous êtes un Pacte pour un Congo Retrouvé. A quel moment situer ce « Retrouvé »? En 2018 quand le Chef est arrivé aux affaires ? Après le départ du FCC ? Après les élections du 20 décembre 2023 ? Ou à l’avènement du Groupe des quatre ? S’il est retrouvé pour vous, qu’est-il devenu pour les autres de la grande union ? Finalement le Congo, le Congo des Pères de l’Indépendance, le vrai Congo reste à retrouver. Il reste toujours devant nous.
Décollage inspiré par l’interview de « Son Excellence l’un des quatre » sur Top Congo.

Prof. Jean-Michel Kumbu ki Ngimbi Docteur en droit de l’Université de Hamburg (Allemagne), Professeur Ordinaire à la Faculté de Droit de l’Université de Kinshasa, Expert en gouvernance

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