La beauté du droit n’est à rechercher ni dans le délice rédactionnel exquis des textes, ni dans l’assonance coquette et affable des intitulés des matières. Elle l’est plutôt dans le bonheur indicible ressenti lorsqu’on réussit à extirper de la marmaille confuse et brouillée d’énoncés textuels la norme juridique la mieux adaptée à la laideur du problème de droit et de société à résoudre.
Et le raisonnement en droit se situe entre le dit et le non-dit, l’écrit et le non-écrit, le visible et l’invisible, le pensé et l’impensé, le cœur et la raison, de manière à se frotter avec la matière et pénétrer, dans la règle, le non-dit, le non-écrit, l’invisible et l’impensé, sans détourner l’iris et la rétine du dit, de l’écrit, du visible et du pensé, quitter le cœur pour faire une seule chaire avec la raison, sans pour autant perdre le cœur car il doit y en avoir toujours un même dans la raison. C’est planer entre le profond et le plafond. Comme à la descente du Saint Esprit, le droit s’exprime seul, le métalangage et le métadiscours scientifiques des initiés se traduisent alors souplement et s’énoncent clairement aux destinataires, principalement les cours de justice en Afrique devenus des rassemblements des drogués, des regroupements d’intérêt économique.
Le droit est une science occulte, où saisir la matière et pénétrer le non-dit, le non-écrit, l’invisible et l’impensé des textes ainsi que ses causes profondes est réservé aux seuls initiés. L’inspiration du marabout ou du prophète des nations ne répond pas à la logique de l’abstrait du droit. Il faut s’asseoir longtemps et se disposer à l’initiation à l’occultisme scientifique du droit.
Grâce Muwawa Luwungi
Docteur en Droit.